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L'émancipation des femmes par le vélo !

Depuis des siècles, les femmes luttent pour leurs droits et s'imposer au sein de la société. Étrange mais vrai, le vélo a joué un rôle dans leur émancipation ! Retraçons ensemble l'histoire des femmes et du vélo.



Les femmes et le vélo : une grande histoire


Les débuts du vélo pour femme


Au milieu du 19e, les tenues vestimentaires des femmes étaient assez restreintes. En effet, avoir une taille de guêpe, s’étouffer avec des corsets, couvrir ses jambes avec de longs jupons et porter des chapeaux extrêmement lourds, quitte à être déséquilibrée, était le quotidien des femmes de l’époque. La plupart d’entre elles souffraient d’évanouissements, de migraines et d’anémies.


En Angleterre, les vélos existent déjà, seulement, ils sont assez dangereux, même si certains vendeurs en proposent pour les femmes. Ils sont plutôt réservés aux hommes forts et jeunes. Pendant ce temps, aux États-Unis, c’est sensiblement la même chose sauf qu’il y a des écoles de conduite réservées exclusivement aux femmes.


Dès 1849, les suffragettes, notamment Amélia Bloomer et Elizabeth Stanton, luttent contre ces tenues vestimentaires plus qu’insupportables et pour plus de liberté (notamment le droit de vote bien sûr). En 1851, les deux femmes accueillent Libby Miller qui arrive à vélo, vêtue d’un pantalon. Celui-ci sera baptisé le “bloomer” quelques années plus tard en hommage à Mme Bloomer, suffragette et promotrice du vélo, même si elle n’en est pas la créatrice.


Désormais en 1895, le “bloomer” est porté par de nombreuses femmes américaines, membres de clubs féminins de cyclisme. Un peu plus tôt, en 1868, les Françaises étaient déjà sur les vélos et portaient une sorte de pantalon bouffant en dentelle qui avait fait polémique à l’époque, car considéré comme osé (un peu comme les crop tops de nos jours…). Heureusement, on le sait aujourd’hui, celles qui résistent à cette époque auront le dernier mot.



Le « qu’en dira-t-on » qui pèse sur les femmes


Même si les femmes peuvent pédaler dans les rues et les parcs, ne vous imaginez pas que c’est une partie de plaisir, tranquille et sans remarque, bien au contraire ! Beaucoup de femmes n’osent pas prendre de vélo par peur des remarques et de l’opinion publique, mais certaines y songent grandement quand elles voient leurs maris rentrer de longues balades palpitantes, remplies d’aventures. En effet, l’opinion publique pense à cette époque que le cyclisme est dangereux pour la santé des femmes, leur morale et surtout encore plus important, leur réputation.


En revanche, pédaler sur un tricycle ou un sociable est accepté puisqu’il est possible de les pratiquer en jupe. Enfin accepté… C’est un grand mot encore une fois. Nous allons dire moins mal vu. Cependant, vers 1880, les riches femmes anglaises sortent de leur carcan et s’octroient le droit d’en faire. Même la Reine Victoria, reine d’Angleterre de l’époque, elle-même intéressée par cette discipline, ne parvient pas à faire arrêter les ferventes critiques.


Pour éviter les problèmes de jupes qui se coincent dans le vélo, Lady Florence Harberton décide de créer vers 1880 la Rational Dress Society (Société pour un code vestimentaire rationnel). Cette association vise à débarrasser (littéralement) les femmes de leur tenue vestimentaire beaucoup trop encombrantes et elles, contrairement au vélo, dangereuses pour leur santé. Heberton propose donc un pantalon bouffant élégant qui arrive sous le genou. Bien sûr, les hommes sont contre, mais cette fois-ci plus étonnant, les femmes également ! En effet, les femmes cyclistes ont peur de se voir interdites de vélo à cause du tournant radical que prend cette affaire.



Est-ce le début de la liberté ?


En 1889, la Starley Brothers invente une bicyclette pour femmes avec l’équipement nécessaire, c’est-à-dire un cadre bas et un garde-jupe (pour éviter les soucis expliqués précédemment). Son prix est moins élevé que les vélos d’antan ce qui permet de toucher une cible de femmes moins fortunées, c’est-à-dire la plupart des femmes du peuple à l’époque. Fatiguées par les « qu’en dira-t-on », les femmes délaissent les tricycles et achètent ces bicyclettes.


Visiblement, il n’y avait pas beaucoup de soucis majeurs à l’époque, puisqu’une nouvelle fois, cela suscite beaucoup de réactions dans la presse et dans l’opinion publique.


Quoiqu’il en soit, les jupes raccourcissent petit à petit et les jupons sont remplacés par des culottes (celles que l’on connait de nos jours). De plus, en 1892, le tout premier club réservé aux femmes ouvre ses portes et on vous le donne en mille, c’est un club de cyclistes nommé le Coventry Lady Cyclists.


En 1893, Tessie Reynolds décide d’effectuer Londres-Brighton aller-retour (176 km en 8,5 heures) en bicyclette d’homme, vêtue d’un rational dress. La presse en parle beaucoup évidemment et présente Tessie Reynolds comme une martyre de la cause. La femme cycliste devient un symbole de liberté et est même utilisée dans certaines revendications qui n’ont rien à voir. En effet, en 1897, les étudiants de Cambridge qui protestent contre l’admission des femmes au baccalauréat, utilisent une affiche d’une femme à bicyclette en rational dress et l’accroche devant la Maison du Sénat.


Vers 1895, tandis qu’à Paris le rational dress est devenue tendance et chic, à Londres il est juste tolérée. En revanche, de nombreux modèles de vélos font leur apparition progressivement, malgré les critiques toujours constantes.


Fun fact : en 1899 Lady Harberton s’est vu refuser l’entrée à un salon de thé à cause de sa tenue de cycliste dite non appropriée (de nos jours, c’est aux musées que les femmes se font refuser à cause de leur tenue). On lui conseille plutôt d’aller à la taverne du coin, à l’époque réservée exclusivement aux hommes. Haberton va donc entamer un procès et le perdre à moitié, puisque c’est ainsi que les tavernes anglaises ont été ouvertes aux femmes.



Le vélo qui libère les femmes ou l’inverse ?


La bicyclette connait une véritable croissance à cette époque et on pouvait voir de plus en plus de femmes en pratiquer. Depuis que les femmes avaient le droit de faire du vélo, l’engin a connu un véritable essor. Grâce à la bicyclette, les femmes ont eu le droit de sortir seule ou accompagnée de qui elles souhaitaient, quand elles le souhaitaient. Dans le même temps, elles obtiennent enfin le droit de vote qui reconnait donc leurs capacités intellectuelles et individuelles. Cependant, le droit de pédaler a donné aux femmes une liberté plus quotidienne et perceptible, vivable. Dorénavant vous ne regarderez plus un vélo de la même manière Mesdames !



Et aujourd’hui ?


De nos jours, les femmes font encore du vélo, bien sûr et même en compétition. Actuellement, il y a environ 45 % de femmes cyclistes et 55 % d’hommes cyclistes. Cependant, nous allons voir que le sexisme perdure toujours, même presque deux siècles plus tard.



Ces femmes qui ont marqué l'histoire du vélo


Avant d’aborder le sexisme toujours présent dans le cyclisme, évoquons les femmes qui ont marqué l’histoire du cyclisme féminin.


1. Annie Londonderry

  • Nationalité : Française

  • 1895 : 1ère femme à faire le tour du monde à vélo en 15 mois

  • Avec ses compétences de journaliste, elle écrit son périple dans le journal New York World sous un pseudonyme : « The New Woman ».

2. Jeannie Longo

  • Nationalité : Française

  • Titres : 1 médaille d’or à la course sur route d’Atlanta en 1996, 13 championnats du monde et 59 championnats de France.

3. Marianne Martin

  • Nationalité : Américaine

  • Titre : Victoire du premier Tour féminin en 1989.

  • Atteinte d’anémie quelques mois avant, sa victoire était inattendue après plus de 29 heures de course.

4. Beryl Burton

  • Nationalité : Britannique

  • Meilleure cycliste du Royaume-Uni pendant près de 25 ans consécutifs

  • Titres : 11 médailles au Championnat du monde sur piste entre 1969 et 1973, remporte 3 fois le Mondial sur route entre 1960 et 1967.

  • A battu le record du monde 446 km dans un contre-la-montre de 12 heures et a maintenu ce record pendant 2 ans.

  • Elle a participé à 90 championnats nationaux, 7 du monde et a battu plusieurs records.


Passons maintenant aux cyclistes qui marquent leur temps de nos jours :


1. Pauline Ferrand Prevot

  • Nationalité : Française

  • Cyclistes les plus récompensées du moment.

  • Titres : 5 titres mondiaux, championne du monde dans différentes catégories (le cyclo-cross, le cyclisme sur route et le Cross Country). Elle est également montée sur de nombreux podiums.

  • Fait partie de l’équipe Absolute Absalon BMC, l’équipe UCI de Julien Absalon.

2. Annemiek van Vleuten

  • Nationalité : Hollandaise

  • Spécialiste sur route et piste

  • Titres : 1ère au classement général de la Route de France Féminine en 2010, du Giro d’Italia Féminin en 2018 et 2019, du Tour des Flandres en 2011, 6 médailles au Championnat du monde de cyclisme sur route entre 2013 et 2020 et une médaille d’or au Championnat européen de cyclisme sur route en 2020.

  • Elle fait maintenant partie de Movistar Team.

3. Laura Kenny

  • Nationalité : Britannique

  • Une des cyclistes les plus renommées à l’heure actuelle.

  • Titres : 2 médailles d’or aux Jeux olympiques de Londres 2012, une double médaille d’or aux Jeux olympiques de Rio.

  • Elle défend la campagne #LikeAGirl qui encourage les filles à faire du sport à l’école.

4. Emily Batty

  • Nationalité : Canadienne

  • Référence du cyclisme de montagne.

  • Titres : médaille d’or aux Jeux panaméricains de 2015, 2 médailles de bronze aux Championnats du monde de cyclisme de montagne en 2016 et 2018.

  • Elle roule avec l’équipe de Trek et participe aux compétitions de Cross Country dans les groupes de tête



Toujours du sexisme même à vélo


Même si le vélo a participé à l’émancipation des femmes, il n’empêche que du sexisme dans ce milieu continue d’exister. En effet, aujourd’hui, une équipe féminine de cyclistes possède un budget 10 à 30 fois inférieur à celui d’une équipe masculine. Les médias se désintéressent de ces femmes et les formations françaises sont incapables de les payer ou alors au SMIC pour une d’entre elles. De plus, chez nos voisins Britanniques, le sexisme et l’intimidation sont si présents que la Fédération en a publié un rapport. Pour finir, en Iran, les femmes sont interdites de vélo.



Commençons par ce dernier point. Depuis 2016, Ali Khamenei, le guide suprême iranien a interdit le vélo aux femmes par le biais d’une fatwa. Dans la religion islamique, c’est une consultation juridique donnée par une autorité religieuse à propos d'un cas douteux ou d'une question nouvelle qui va aboutir à une décision ou un décret.


Malgré cette interdiction, les Iraniennes pratiquent tout de même le vélo. Tellement que la municipalité d’Ispahan qui se situe dans le centre de l’Iran, leur a rappelé qu’elles n’en n’avaient pas le droit.


À la mi-mai, les femmes étaient même menacées par le procureur de la 3e ville du pays, de se faire confisquer leur carte d’identité et leur vélo si elles étaient prises en flagrant délit. Ces déclarations ont tant fait polémiques que les autorités ont été obligées de les retirer et de promettre la construction d’espaces réservées aux femmes cyclistes. En espérant que la situation s’améliore…



Passons maintenant aux femmes cyclistes professionnelles. Pas étonnant que vous n’en connaissiez pas, elles sont délaissées des médias, tellement que le Tour de France féminin, la grande boucle féminine, la Route de France Féminine Internationale ont été supprimés faute de spectateurs.


Cependant, le cyclisme féminin se perfectionne et la Course By le Tour en est à sa 6e édition. Vous ne connaissez pas non plus ? Normal, personne n’en parle…


De plus c’est seulement depuis le 15 janvier dernier que les femmes cyclistes en WorldTour ont le statut de professionnelle en France. Eh oui, avant ce n’était pas le cas… On peut dire merci à l’Association Française des Coureures Cyclistes (AFCC) qui a lutté pour obtenir cette licence professionnelle. Ainsi, ces femmes vont enfin pouvoir bénéficier de la sécurité sociale et de l’assurance maladie comme leurs homologues masculins.


Dans les nouvelles mesures appliquées en France, un salaire minimum a été instauré. Les cyclistes féminines peuvent également bénéficier d’un congé maternité de 8 mois et lors de celui-ci, chaque équipe doit payer l’athlète à 100 % pendant trois mois, puis 50 % le reste du congé.


Il y a donc des améliorations dans le cyclisme féminin, mais comme on peut le remarquer, il n’est pas aussi bien vu que le masculin, un peu comme à l’époque de l’émancipation des femmes finalement…


 

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